L’ingénieur Dominique Rémy a imaginé un navire de lutte anti-marée noire avant-gardiste. Ayant fait breveter son projet, il cherche un industriel prêt à le financer. Avant une prochaine catastrophe écologique !

Une superbe vue du port de Saint-Tropez sur le fond d’écran de son ordinateur. L’espace d’un instant, on imagine la mer virer du bleu azur au noir pétrole. Vision d’horreur !

L’environnement est pourtant bien calme, dans ce coquet appartement de la paisible avenue de La Vallière à Nice-Nord. Loin de la banquise d’Alaska actuellement souillée. C’est ici, chez Dominique Rémy, qu’à germé l’idée du DAPG (Dépollution Active des Polluants flottants Généraux), un navire susceptible de révolutionner les méthodes de lutte anti-pollution.

Le fruit de cinq années de réflexions pour cet ingénieur de 46 ans, venu de Seine-et-Marne pour s’établir sur la Côte au moment où l’Erika vomissait son carburant sur le littoral Atlantique.

Quatre-vingt-cinq mètres sur soixante-cinq, 42 000 t, trois coques dont une centrale monstrueuse, deux héliports, deux moteurs de 8,5 Giga kW et une vitesse de 20 nœuds : tel est l’ambitieux projet déposé par Dominique Rémy à l’Office méditerranéen des brevets d’invention en 2003.

Et pour lequel il cherche un industriel prêt à se jeter à l’eau, afin de « monter sa propre entreprise et de pérenniser le projet ».

Pas facile de trouver l’investisseur prêt à mettre sur la table les quelque 100 millions d’euros que Dominique Rémy estime nécessaires à la réalisation du DAPG.

Et tiens, pourquoi pas un grand groupe pétrolier ? « Ce serait un bon moyen pour eux de redorer leur blason. »

« Si ça nous arrive on en a pour 20 à 30 ans »

Il rêve d’un premier navire sortant des chantiers navals de La Ciotat d’ici deux à trois ans, parqué à Fos ou Marseille, et ouvrant la voie à d’autres après avoir fait ses preuves.

Dominique Rémy et son navire de dépollution : pour l’heure, juste une maquette au modèle 1/100°…

Pour l’heure, son monstre des mers se réduit à une maquette au 1/100° posée dans son salon. « J’ai contacté Greenpeace, la Marine nationale, le gouvernement et l’Europe, laquelle voudrait cinq machines !

Tous se disent intéressés par le projet  » s’il est déjà financé.  » En gros : construisez, on verra après !

Passivité coupable des politiques ? Pas nouveau dans ce domaine, où rien ne vaut une bonne marée noire type Prestige pour susciter un réveil des consciences.

Les bonnes idées ne manquent pourtant pas, à l’image de Jean-Luc Dabi, cet Azuréen qui a créé un système de récupération rapide du fioul sur pétrolier immergé.

Selon Dominique Rémy, « on est particulièrement sensible ici parce qu’on sait que la Méditerranée est la mer fermée et que, si ça nous arrive, on en a pour 20 à 30 ans ! »

DAPG, C.Q.F.D.

Nouveautés du DAPG ? Sa capacité de chargement et sa vitesse d’exécution. Une ouverture de 65 m à l’avant (contre 30 sur les navires « traditionnels ») avec un col de pompe télescopique s’ajustant à la hauteur de la vague pour capter un maximum de pétrole.

Ce dernier transite alors par un colimaçon de ségrégation, puis un cylindre en inox qui joue les « chasse d’eau », avant d’être stocké dans des big-bags acheminées par chariot à l’arrière, où ils sont accrochés tels des skieurs nautiques pour libérer de la place.

Capacité : jusqu’à 110 000 t, contre 6 000 aujourd’hui. Surtout, le DAPG peut continuer à pomper tandis que d’autres bateaux récoltent et acheminent son « butin » vers des raffineries. A ce rythme, Dominique Rémy estime qu’une nappe de pétrole pourrait être intégralement aspirée en quatre jours.

Auteur : Christophe CIRONE

Paru dans NICE-MATIN, le jeudi 30 décembre 2004

L’E-mail de l’inventeur : contact@apgdepollution.fr